Ce qu’il faut savoir
Une boutique est à la fois un outil de valorisation des produits du territoire, un moyen de prolonger et d’intensifier l’expérience du touriste, de valoriser l’économie locale mais aussi d’améliorer les ressources propres de l’Office.
Mais attention, pour se transformer en succès un projet de boutique doit traduire « l’esprit du lieu » et prendre en compte les impératifs techniques et économiques de l’exploitation. En effet, mal conçue ou mal dimensionnée, une boutique, peut grever les finances de la structure ou alourdir inutilement son fonctionnement.
Quelques éléments clefs
La valeur ajoutée de la boutique pour le touriste, l’excursionniste et … l’habitant
L’achat dans une boutique constitue souvent ce petit bout de vacances ramené chez soi ou l’occasion d’un cadeau à un proche. La boutique prolonge et enrichit l’expérience des visiteurs. Souvent l’achat en boutique renvoie également une image positive pour soi-même (achat culturel, favorisant l’économie locale, de petits artisans, produits sains,…). Il est donc important de proposer une parfaite adéquation entre les produits proposés et cet « esprit des lieux » caractérisant le territoire et issu des richesses et des savoir-faire locaux.
La boutique peut également être un lieu d’achat pour les habitants (certains produits, petits cadeaux,…).
Des produits griffés à la marque locale peuvent également constituer des cadeaux d’affaires, car ils sont un reflet de l’identité locale.
La boutique moteur de l’économie locale
Une boutique peut être un débouché supplémentaire pour un tissu d’artisans et de producteurs en devenant une vitrine des savoir-faire de la région. Elle permet ainsi une exploitation durable des richesses locales. Elle peut également susciter de nouvelles créations de produits et d’entreprises.
Sur quelles bases juridiques ?
La vente de produits artisanaux, dérivés ou de souvenirs, n’est pas régie par les dispositions spécifiques de la commercialisation des services touristiques décrits dans le Code du Tourisme. Cette vente de produits locaux est, pour autant, possible. En effet, elle se rattache à l’animation touristique du territoire, mais sa réalisation devra alors :
- S’inscrire dans le cadre de l’objet statutaire de l’Office de tourisme concerné ;
- Etre une activité complémentaire à l’activité principale ;
- Ne pas générer de distorsion de concurrence aux dépens des acteurs privés.
Toute activité hors de ce cadre s’expose à des poursuites pour para-commercialisme (article L. 442-7 du Code de Commerce). De plus, dans le cadre d’une gestion publique, la jurisprudence admet la création d’une boutique dans le cas où celle-ci est le prolongement du service public et contribue à financer ce dernier.
L’instruction fiscale 3 A-200 du 15 Mars 2000 précise les règles fiscales applicables aux Offices de tourisme, notamment pour les activités de vente de biens et de services.
La notion de distorsion de concurrence n’est plus limitée au constat de carence de l’initiative privée. Elle donne aujourd’hui la possibilité aux personnes publiques de concurrencer le secteur privé, à condition de ne pas utiliser de moyens publics pour financer l’activité commerciale (locaux, communication, personnels,…)
La boutique de l’Office doit être un outil de vente complémentaire des boutiques privées et non un outil concurrent. Il doit, de plus renvoyer aux producteurs et distributeurs locaux
Conseil : Si l’OTSI vend les mêmes cartes postales que le libraire du coin, vendez-les un peu plus cher que le commerçant; vous ne serez alors pas accusés de faire de la concurrence au secteur marchand.
La vente de produits peut être organisée :
- sous forme de dépôts-vente pour le compte d’un tiers,
- sous forme d’activité commerciale en direct.
Rappels
- Pour les produits alimentaires, vous êtes tenus de respecter les conditions de conservation et d’hygiène des aliments (arrêté du 9 mai 1995) ;
- Vous devez indiquer par un écriteau ou un étiquetage tout produit destiné à la vente et exposé à la vue du public (arrêté ministériel du 3/12/87- art 4).
Concevoir et créer sa boutique
L’ouverture de la boutique comprend différentes réflexions et actions :
- Etat des lieux : des produits locaux et du mode de distribution actuel, et point sur la demande, avec la mise en place d’un argumentaire pour obtenir l’aval et la collaboration active des producteurs locaux ;
- Choix d’implantation et de principe spatial : rassemblée, éclatée, ouverte, fermée ;
- Le projet d’investissement : bâtiment, agencement, bureautique, réserves, matériel divers ;
- Le personnel : besoin, gestion, mission et formation ;
- La politique produit : choix des produits du terroir et des objets griffés ou dérivés, politique de marque ;
- Organisation : des achats et gestion des stocks ;
- Animations : avec des partenaires ;
- Articulation : avec les commerces locaux.
Evaluer son CA potentiel moyen et les m ² nécessaires
Les moyennes de vente des Offices de tourisme varient fortement entre une boutique annexe avec quelques produits (moyenne autour de 0,25 € par visiteur) et des boutiques de qualité (moyenne 4 € par visiteur). Ainsi, un Office de tourisme accueillant 20 000 visiteurs par an et ayant une boutique de qualité, peut espérer un CA de vente de 80 000 €, mais devrait plutôt se situer dans une moyenne autour de 40 000 €.
Les ratios moyens de telles boutiques sont d’environ 1600 € au m². Un Office de tourisme accueillant 20 000 visiteurs a donc besoin de 25 m ² pour atteindre des CA acceptables.
Pour agencer sa boutique, quelques points principaux :
- Mettre en scène la devanture ;
- Positionner le point de paiement et de situation du personnel, et l’implantation de l’espace vente par rapport à l’espace information – accueil – promotion du territoire ;
- Fixer 3 points d’appels principaux (produits les plus vendus) ;
- Dégager les allées et organiser les flux, structurer la signalétique, les parcours et la sortie ;
- Observer la manière des visiteurs de se déplacer, de prendre et de voir les objets pour aménager l’espace en créant des zones chaudes et en diminuant les zones froides ;
- Penser aux enfants et aux personnes en fauteuil : chacun doit pouvoir avoir accès aux produits qui l’ intéressent ;
- Répartir les différents domaines de produits proposés (zoning) et disposer le mobilier ;
- Appliquer les principes du merchandising pour la distribution des produits ;
- Imposer un style et une mise en scène des produits en créant un univers visuel et sensoriel.
Créer une boutique en ligne
La vente en ligne est une solution présentant des avantages, mais imposant une préparation minutieuse (choix du logiciel, animation du site, référencement, organisation de la logistique pour la livraison et l’assurance des produits ainsi que la gestion de la relation client).
Elle impose également le respect de la réglementation en matière de vente à distance avec, notamment, la création de conditions de vente.
Valoriser une boutique par la création d’une marque
On peut promouvoir l’image de la destination à travers une marque griffée. Cela permet de contribuer à vendre efficacement le territoire (voir la fiche Destination pertinente et marque de territoire).
La démarche passe par :
- La création d’une signature produit officielle (déposé à l’Institut National de la Propriété Industrielle) ;
- La création d’une identité visuelle (charte graphique) déclinable par produit ;
- L’affichage de la marque officielle par différents supports ;
Et peut aller jusqu’à une politique de revendeurs comme avec les boutiques de produits souvenirs.
A lire
- Boutiques de sites culturels – Guide du gestionnaire – ODIT France (août 2008)
- A travers des exemples et des illustrations, ce guide est une bible. Il présente les étapes et bonnes pratiques, pour bâtir un projet de qualité et mettre en place une gestion saine et professionnelle de son « espace boutique » pour les musées. Il est en grande partie applicable aux OTSI.
- Consultez la fiche juridique des Offices de Tourisme de France : Les boutiques des Offices de tourisme
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